Pollution et impact sur la santé, réchauffement climatique, dépendance énergétique… A l’heure de la transition écologique, la mobilité douce, incarnée notamment par les transports électriques, a le vent en poupe. Si l’on pense bien entendu à l’essor des vélos et autres trottinettes électriques facilitant les petits déplacements urbains du quotidien ou encore au développement de transports en commun comme les bus électriques, l’étendard de cette transformation est assurément la voiture électrique.  Mais si son usage est soutenu pour prendre progressivement la place des véhicules thermiques, sont-elles vraiment si pratiques et si propres ?

La voiture électrique en quelques chiffres clés

Aux origines de la voiture électrique

Tout le monde en parle, et finalement on en sait peu de choses. Ainsi, alors qu’elle incarne la modernité et l’avenir proches du transport, la voiture électrique ne date pas d’hier. En effet, les premiers prototypes de véhicules du genre remontent aux années 1834 et 1881. A leurs débuts, voitures à essence, voiture à vapeur et voiture électrique se firent concurrence et ce ne faut qu’à partir des années 1920/1930 que la voiture à essence prix le dessus sur des concurrentes… Bien avant donc que le coût du pétrole ou les considérations environnementales ne viennent rebattre les cartes.

Un marché en forte croissance

Si l’avantage sur les routes est encore largement aux véhicules thermiques, la croissance est forte pour les véhicules électriques. Entre 2020 et 2021, le marché des voitures électriques a connu une croissance de 50% et au mois de novembre 2021, un peu plus d’1 immatriculation sur 5 concernant une voiture électrique ou hybride rechargeable. En ce début d’année, on compte ainsi plus de 750 000 voitures électriques en France, pour un objectif affiché de 1 million d’ici la fin de l’année 2022.

Un déploiement massif de bornes de recharge

La voiture électrique ne serait rien sans la possibilité de recharger ses batteries. Pour cela, les propriétaires de véhicules roulant à l’électricité s’appuient bien évidemment sur les bornes et prises installées à leur domicile. On compterait ainsi plus de 210 000 bornes de recharges privées et, selon l’Avere, l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique, 90% des recharges environ se feraient à la maison ou au travail. Mais le développement de la voiture électrique sera aussi facilité par le déploiement de bornes électriques publiques grâce aux efforts du gouvernements et des industriels spécialistes de ces bornes de recharges pour véhicules électriques tels que Grolleau. L’État avait ainsi tablé sur l’installation de 100 000 bornes avant la fin de l’année 2021, dans les faits elles sont bien moins nombreuses puisque l’objectif n’est atteint qu’à moitié avec environ 50 000 bornes publiques installées.

Un temps de charge toujours plus rapide

Le temps de charge est également une problématique centrale pour les propriétaires et conducteurs de voitures électriques. Un branchement sur une prise classique demande souvent plus de 10h de charges alors que 20 à 30 minutes suffisent pour une borne de charge rapide. Or seulement 6% des points de charges accessibles au public permettent un chargement rapide de la batterie. L’avenir de l’électrique passera donc par le déploiement de bornes de charge toujours plus rapide.

La voiture électrique est-elle vraiment plus écologique ?

Les véhicules électriques sont régulièrement présentés comme une alternative idéale aux véhicules thermiques d’un point de vie éco-responsable. De la construction à l’usage en passant par le recyclage, qu’en est-il vraiment ?

Plus d’énergie nécessaire à la production

Si certaines questions font encore débat sur la thématique des voitures électriques, tout le monde semble s’accorder sur le fait que la fabrication d’une voiture électrique nécessite plus d’énergie et est émettrice de plus de gaz à effet de serre que pour une voiture équipée d’un moteur thermique. Et la différence se situe sur deux points essentiels : la fabrication du moteur électrique et la fabrication de la batterie. Pour cette dernière notamment, l’usage de métaux spécifiques tels que le lithium ou le cobalt, souvent extraits en Afrique, est essentiel. Et de nombreuses batteries sont aujourd’hui assemblées en Asie, bien que de plus en plus de constructeurs européens tentent de relocaliser cette production. La fabrication des aimants constituant les moteurs pose les mêmes questions avec l’extraction de terres et métaux rares souvent accompagnés de rejets toxiques. Là encore, des entreprises en pointes dans le secteur des véhicules électriques telles que Renault, Tesla ou Toyota recherchent des alternatives plus écologiques.

Des rejets nuls à l’usage

L’avantage est en revanche clairement en faveur des voitures électriques lorsqu’il s’agit de comparer les rejets à l’utilisation. En effet, si l’on parle usage sur la route à proprement parler, les véhicules électriques ne rejettent en effet aucun CO2 et gaz à effets de serre. Il faudrait ainsi parcours environ 30 à 40 000km pour compenser les émissions liées à la fabrication.

Mais rouler avec une voiture électrique nécessite bien évidemment d’avoir une batterie chargée. Or pour cela, une dépense énergétique est nécessaire. Or de nombreux pays dépendant encore largement des énergies fossiles pour la production d’électricité, et donc pour le chargement des batteries des voitures concernées. Si la France s’appuie principalement sur le nucléaire pour produire son électricité, les questions écologiques et environnementales existent, mais sont d’un autre ordre. L’idéal serait donc de pouvoir appuyer le chargement des batteries de voiture uniquement sur les énergies propres et renouvelables.

Un recyclage encore problématique

La question du recyclage des véhicules en fin de vie ou des batteries usagées est régulièrement soulevée. Les batteries de voitures électriques ont globalement une durée de vie comprise entre 4 et 5 ans selon l’utilisation. Or, de par la quantité d’énergie nécessaire au bon fonctionnement de la voiture électrique, il faut remplacer ces batteries avant même qu’elles aient épuisé entièrement leur capacité.

Le problème lié aux batteries est essentiellement lié au fait que l’on ne sait pas encore parfaitement stocker, traiter ou recycler les batteries et les déchets toxiques qu’elles contiennent. Certains constructeurs offrent une seconde vie aux batteries avec un usage autre que l’automobile. L’une des priorités pour les professionnels de la voiture électrique est donc de trouver une solution pour recycler au mieux ces batteries. A ce titre, Renault parviendrait à ce jour à recycler 85% du cobalt de ses batteries et 65% du lithium des batteries seraient recyclé en France.

La question du caractère écologique des voitures électriques, ou en tous les cas de l’opportunité qu’elles offrent en opposition aux véhicules thermiques sont donc parfaitement légitimes. De la construction au recyclage, les voitures électriques posent encore beaucoup de questions, avec des réponses plus au moins performantes, plus ou moins adaptées d’un constructeur à l’autre, d’un pays à l’autre. Nul doute que les progrès technologiques devraient parvenir à régler une bonne partie de ces problématiques. Mais cela est-il suffisant pour penser des transports réellement propres ?

Share This